Comment et pourquoi devenir artiste peintre ?

Comment et pourquoi devenir artiste peintre ?

Comment et pourquoi devenir artiste peintre ?

Aussi loin que puisse remonter ma mémoire, je me souviens avoir toujours dessiné, peint, créé …

Lorsque je n’avais que 4 ans

Depuis le visage de cette petite fille de mon âge, lorsque je n’avais que 4 ans, dont je maquillais les immenses yeux verts dans la cour de l’école, avec ces bâtons gras qu’on utilise pour le carnaval, jusqu’aux premiers nus féminins esquissés sur l’envers des rouleaux de papiers peints du chantier de notre maison, à Pignan dans l’Hérault – des dessins que je croquais avec le maquillage de ma mère, donnant à ces créations une texture, une odeur, si féminine.

Je suis né avec cette envie de peindre, ce besoin de dessiner, d’immortaliser ce qui se présentait à mes yeux ou à mon esprit.
Je ne pense pas que l’on « devienne » peintre, musicien, que l’on embrasse une quelconque forme d’art, je crois que l’on naît artiste.
Même si parfois, il nous faut du temps pour le découvrir. J’ai réussi à écouter mon Cœur très tôt, j’ai commencé de façon précoce à admirer ces paysages, ces visages, ces corps, et à m’en inspirer.
J’ai ainsi pris conscience de l’incroyable chance que l’on a d’être né, d’exister, et d’avoir reçu le plus beau des cadeaux : un corps -quel qu’il soit, des yeux pour voir et admirer, un cerveau pour analyser, interpréter, retranscrire les visions de l’âme, un cœur pour jouir de tout cela et des mains pour créer toutes ces œuvres.
Merci, la vie.

L’art est à mes yeux et à mon Cœur

Même si je réalise mon art depuis plus de 45 ans, je suis loin d’avoir toujours pu en vivre, et cela ne fait que 10 ans que j’ai décidé d’en faire mon unique « métier »… même si le terme « métier » reste pour moi inexact, tant l’art est à mes yeux et à mon Cœur davantage une vocation, une passion qui brûle en moi et nourrit chaque jour mon esprit.
Si j’ai peint toutes ces années, c’était pour emplir mon âme mais aussi pour apprendre, pour améliorer ma technique, car étant entièrement autodidacte, je n’ai jamais pris une seule leçon de dessin ou de peinture, ni même était conseillé en la matière.

Vers mes 12 ans, j’ai demandé à mes parents un chevalet pour Noël, ainsi que des cartons toilés, et de la peinture à l’huile, car j’avais lu que les grands maîtres peignaient à l’huile… je voulais apprendre, je voulais comprendre.
Pendant que mes camarades jouaient à des jeux de nos âges, je partais dans ma garrigue, ce havre de paix tout près de notre maison d’enfance dans laquelle je me réfugiais souvent, seul.

J’empruntais à la bibliothèque du collège tous les livres d’art que je pouvais trouver. Je les dévorais durant des heures, assis, là au pied du grand chêne, sous le chant des cigales.

Rembrandt, de La Tour, Van Gogh, Vermeer étaient alors mes meilleurs amis.

Je me demandais sans cesse: mais comment font-ils ? Quel est ce génie, cette lumière qui les habite ?

Je reproduisais les tableaux de peintres célèbres au fusain sur mon carnet à croquis, ou parfois à l’huile sur mes cartons entoilés.

Je découvrais la magie de la vie, de l’anatomie, les portraits, et la force de la lumière, cette lumière presque divine.

Chaque nouvelle œuvre était un miracle à mes yeux d’enfant. Mais qui étaient ces maîtres ? Des demi-dieux, des extraterrestres ? Mon cerveau ne comprenait pas, je m’intéressais à leurs vies, plus précisément à celle de Vincent Van Gogh, dont les autoportraits me perturbaient, je voulais savoir qui se cachait derrière ces couleurs, derrière ce jaune chaud qui était devenu ma couleur préférée et qui ne m’a plus jamais quitté. A mon jeune âge je ne comprenais pas tout de la vie tourmentée qui fût la sienne, mais je me m’interrogeais : est-ce cela, être artiste peintre ? Doit-on créer toute sa vie dans la pauvreté, dans la souffrance et la folie ? Ces pensées me conféraient un immense sentiment de tristesse.

Comment peindre la vie avec cette même force, cette énergie comme si chaque cellule, chaque atome en nous-même ne vibrait que pour l’art ? Je ressentais une telle flamme en moi, mais devait-elle me consumer, ronger mon être ? Je parlais parfois à Vincent en peignant, je lui posais des questions :

« Comment aurais-tu peint ce portrait ? Conseille-moi… ».

« Regarde Vincent cette lumière dans ma garrigue, écoute son vent, ses cigales, entends ses couleurs qui murmurent à l’oreille de mes pinceaux. «

« Tu peins vite Vincent, très vite, tu veux immortaliser l’instant présent comme le ferait un appareil photo, raconte-moi … »

J’apprends alors à dessiner et à peindre rapidement, de plus en plus rapidement. Je ne veux pas créer dans l’analyse, avec ego, non, je veux apprendre à peindre avec mon âme, d’un trait, sans réfléchir, spontanément. Encrer, graver au plus profond de ma conscience toutes ces choses pour qu’elles ne disparaissent jamais, car lorsque mon corps terrestre mourra, je le sais, mon âme restera celle d’un artiste, pour l’éternité.

Je peins, j’avance ainsi jusqu’à mes 16 ans

Je peins, j’avance ainsi jusqu’à mes 16 ans, ma technique prend forme, je n’ai pas réellement de style personnel mais le geste est là. Je montre mon travail pour la première fois à d’autres que ma famille et amis proches, au couple de personnes âgées qui tient la boutique du quartier des Beaux-Arts, où je me fournissais régulièrement en matériel.

Je leur présente un portrait de Jules César réalisé à l’huile dans une technique clair-obscur (l’œuvre est encore visible à la mairie de Pignan aujourd’hui) : ils n’en reviennent pas, et ne croient pas que c’est moi qui l’ai réalisé. Je leur montre alors des photographies du reste de mon travail dans le même esprit.

Ils me parlent d’une exposition montpelliéraine annuelle organisée par « Arts et Lettres de France », mais je n’ai alors jamais exposé mon travail… j’accepte même si cela ne m’intéresse pas vraiment, car je ne peins pas pour cela. Mais leurs yeux brillent tellement à la vue de mes oeuvres, mes parents sont si fiers que j’accepte… Je remporte ce jour-là la médaille d’or du jeune espoir national.

Ma mère est folle de joie… et moi, je m’en fous totalement. Ce sera d’ailleurs le seul et unique « concours » auquel je participerai car l’art est tout sauf une compétition à mes yeux.

Je continue d’avancer seul, les femmes me fascinent de plus en plus, je les photographie, les peins continuellement, elles deviennent ma principale source d’inspiration au point de vouloir être l’une d’entre elles.

Je n’aime pas « l’avatar » (ce nom que je donne à notre corps, à notre ego) que j’ai dans cette vie, ce corps qu’on m’a imposé, que je trouve ingrat à cause de sa petite taille.

Il serait si beau de pouvoir avoir le choix de cet « avatar » avant de naître !

C’est pour cela que je peins ces femmes, au-delà du fait de rendre hommage aux beautés féminines que la vie me donne la joie et la chance de croiser, je peins cette FEMME qui est en moi, je veux réaliser l’autoportrait de mon âme.

Même si l’on dit que l’âme n’a pas de genre, la mienne est forcément féminine.

En 1996 je déstructure cette femme dans un style haut en couleur que je nomme « Courbisme », dans un clin d’œil au cubisme de Picasso, un autre de mes maîtres. J’accentue, déforme cet autoportrait imaginaire au point de laisser paraitre une femme aux yeux immenses et clairs (qui ressemble à cette petite fille de 4 ans que je maquillais dans la cour d’école), dotée d’une bouche pulpeuse, charnue comme un fruit trop mûr. Les courbes du corps qui m’ont inspiré le mot « Courbisme » se tracent sur la toile dans un ballet harmonieux de lignes et de couleurs, elles sont la vie, deviennent le corps que je m’imagine.

Je créé des œuvres dans cette même veine jusqu’en 2002, et je les expose en 1998 dans une galerie de New-York, ville pleine d’énergie dans laquelle je vis pendant 6 mois.

Mais ce style, bien que très abouti et très personnel, ne me permet pas de m’en sortir financièrement.

Je parle alors à Vincent : « Que dois-je faire ? Où dois-je aller ? Guide mes pas, éclaire le chemin sur la toile !»

Une voix résonne dans ma tête, et me répond d’écouter mon cœur : « va où personne n’est allé, sois unique, sois précurseur, comme je l’ai été ».

Je m’exerce alors à beaucoup de techniques différentes : aquarelle, acrylique, pastel, encre de chine, bombe de peinture, dripping, collage, peinture numérique… et bien d’autres expériences quotidiennes dans mon nouvel atelier que je nomme LEA –un acronyme pour Laboratoire d’Expériences Artistiques.

C’est en 2012 que me vient une idée :

«et  si je mixais cet autre art que je pratique en parallèle de la peinture, la photographie, à la peinture colorée de mon Courbisme ? »… Mais comment m’y prendre ? Je découvre alors cet autre maître qu’est Andy Warhol, qui colorisait des photographies de célébrités avec une technique qui lui est propre, son célèbre « POP ART ».

Cela me plait, mais comment m’en inspirer en 2012 avec les techniques modernes qui s’offrent à moi ? Je peins le portrait de David Bowie en numérique, avec un logiciel du nom de Corel Painter, qui m’offre par magie toute une palette d’outils, de pinceaux, mais aussi de textures, de couleurs … Je retrouve ainsi en « virtuel » tout ce que j’avais expérimenté dans mes diverses recherches.

Je ressens une telle joie, un tel bonheur que mon cœur entre en ébullition : « regarde Vincent, je peins vite, très vite… ton âme habite mon corps, mon bras, je suis en transe … »

J’imprime ce portrait de David Bowie en noir et blanc sur une toile, mais je trouve qu’il lui manque de la vie, de la texture, du relief … La couleur du Courbisme croise par accident (même si je nie l’accident), la toile N&B, l’acrylique très diluée laisse apparaitre les ombres et les lumières en même temps que la toile imprimée.

C’est fantastique, je retrouve alors la technique du POP ART d’Andy, mon Dieu, qu’ai-je donc découvert dans LEA ? Je peaufine cette technique, j’y incorpore mon « gribouillisme » une autre de mes techniques qui consiste à dessiner un sujet avec des lignes continues qui se croisent et se multiplient, au stylo noir. J’ajoute ensuite un peu de dripping (technique apprise en étudiant le célèbre artiste américain Jackson Pollock)  et c’est avec ce premier tableau que nait le style que je nomme « NEW POP ».

Il trouve rapidement sa communauté via les réseaux sociaux.

Et je ne peux m’empêcher de penser à toi Vincent … quel aurait été ton destin si tu avais pu partager ton art, ton talent aux yeux du monde avec Facebook ou Instagram ? Les choses auraient été différentes et tu n’aurais sûrement pas été le Vincent que l’on connaît, aussi merci pour ce que tu nous as apporté, c’est un cadeau du divin, tu as changé la vie de certaines personnes, dont la mienne, tout comme ont pu le faire le Christ, Gandhi, Mandela, Mozart, Martin Luther-King, Mère Thérésa … »

Plus j’avançais dans le NEW POP plus le monde s’ouvrait à moi : j’ai eu l’immense chance de rencontrer de belles personnes, de belles âmes, célèbres ou pas, et de réaliser des œuvres qui me tiennent à cœur. Qui aurait pu croire qu’un jour je sois sollicité par Dieter Wiesner, qui fut le manager de Michael Jackson de 1996 jusqu’à son décès ? Un appel qui aboutira à la réalisation de 7 œuvres sur Michael pour un beau projet, tandis que Dieter acceptera d’écrire la préface de mon nouveau livre « NEW POP 10ème anniversaire » avec des mots qui me font toujours pleurer, à chaque lecture. Qui aurait pu croire que mon travail soit projeté sur le Burj Khalifa à Dubaï ou à Time Square à New York, mon travail à moi, le petit « pignanais » de la garrigue ?

La vie nous offre son lot de surprises, de miracles, tout est possible en bien, autant qu’en mal, malheureusement.

Si vous voulez devenir artiste peintre, choisissez de nourrir le loup blanc plutôt que le loup noir, comme l’explique la parabole amérindienne, et de belles choses s’offriront à vous comment elles se sont offertes à moi.

Beaucoup de projets m’animent encore aujourd’hui, comme écrire et réaliser un film autobiographique, onirique, sur lequel je travaille depuis de nombreuses années (et dont le titre sera « A l’ombre des couleurs »), mais je souhaite aussi me consacrer à d’autres formes d’art, comme la sculpture que je pratique depuis quelques années, ou le stylisme en créant ma propre marque éco-responsable, car la protection de la planète est un sujet qui me tient particulièrement à cœur.

Pour conclure et répondre au titre de cet article, « Comment et pourquoi devenir artiste peintre », je dirais qu’il suffit de le vouloir, tout simplement, d’y croire pleinement, d’y consacrer sa vie, son temps, son âme quoi qu’il arrive, et ce, malgré les périodes difficiles de misère qui peuvent advenir, les doutes, ou les souffrances… Rien, rien n’est plus fort que ce bonheur qu’apporte la création, car on se sent à cet instant comme le divin peignant la vie dans la noirceur du néant.

Si vous aimez cet art, vivez-le vraiment, et vous vibrerez au travers de cette expérience unique.